L’Eglise face à la pédophilie

Article de Pierre De Charentenay paru dans la revue Études oct. 2021.

Après les Etats-Unis, l’Europe vient d’être le théâtre d’un tsunami médiatique concernant la pédophilie de prêtres de l’Eglise catholique. La relecture de cette période douloureuse pose des questions sur les circonstances des révélations des faits, la manière de les gérer et sur l’exigence de transparence.

 Les victimes se révélant longtemps après les faits, il est difficile de savoir si de nouvelles révélations sont possibles. Mais le déballage médiatique réveille des traumatismes anciens, des secrets de famille devenus insupportables1. Il faut parler, même si le temps de silence a été très long. Un enfant abusé à 12 ans en 1975 n’a que 47 ans en 2010. La prescription couvre ces faits. Mais le traumatisme est toujours là pour la victime et pour l’Eglise.

Longtemps préoccupée par le futur de ses prêtres pour les protéger et pour protéger son honneur, l’Eglise tend désormais la main aux victimes. Elle a donné des consignes claires partout et cherche à revenir au calme antérieur. La relecture de cette période douloureuse passe par une interrogation sur les circonstances des révélations de tous ces faits, sur la manière de les gérer et sur la transparence avec laquelle les aborder.

Plan de l’article :

  • Questions sur la transparence
  • Le drame américain
  • Défense et sanctions américaines
  • Le temps de l’Europe
  • Le rôle du Vatican
  • Pouvoir et silence
  • Peur et frilosité
  • Une gouvernance en question

Questions sur la transparence

La transparence est indispensable en effet dans toute cette affaire. Pendant des décennies, elle n’a pas été le critère d’action de l’Eglise qui voulait au contraire cacher ces actes. Les institutions ecclésiales doivent maintenant veiller à tenir un langage de vérité et à renoncer à toute langue de bois. Cette exigence est portée par les médias à juste titre. On souhaiterait qu’il en soit ainsi pour toutes les institutions où la pédophilie peut exister.

La transparence exigerait aussi que l’on ne fasse pas d’amalgame entre tous les types d’âge, jeune enfant ou presque adolescent, et tous les actes, entre des attouchements et des viols caractérisés. La gravité des faits n’y est pas la même.

La transparence a valeur d’exigence pour les médias. Il leur revient aussi de ne pas manipuler une matière aussi dangereuse pour les personnes2. (suite abonnés)